Valérie Michotey, directrice du MIO : « Les métiers liés à l’analyse des données recrutent particulièrement »

19/01/2024

5 minutes

Pour tout le monde

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[Interview] – La recherche océanographique n’est pas réservée aux étudiants en sciences de la mer. C’est le message de Valérie Michotey, directrice de l’Institut méditerranéen docéanologie (Mio) à Marseille. Pour étudier les relations entre l’océan et le climat, une approche pluridisciplinaire est essentielle, ce qui permet aux étudiants en chimie, en mathématiques ou en bio-informatique de se diriger vers des projets de recherche liés à locéan.

Des propos recueillis par Marion Durand.

Vous voulez devenir océanographe mais vous cherchez une formation ? Océans connectés donne la parole aux directeurs d’établissements proposant des cursus dans les sciences de la mer. Pour le troisième épisode de cette série, la directrice de lInstitut méditerranéen docéanologie (MIO), Valérie Michotey, nous parle des liens entre l’enseignement et la recherche.

L’Institut Méditerranéen d’Océanologie travaille avec les universités dAix-Marseille et de Toulon. Comment le MIO est-il impliqué dans les formations ?

Une trentaine denseignants-chercheurs intervient au sein de ces universités dans des filières en lien avec la mer. À l’université d’Aix-Marseille, nos chercheurs enseignent dans la licence Sciences de la vie et de la terre, parcours mer et dans le master science de la mer. À l’école d’ingénieurs Polytech Marseille, nous enseignons la biotechnologie. Nous sommes également présents dans l’École doctorale « Sciences de l’environnement » et au sein de l’IUT. À Toulon, nous intervenons à l’Université, à l’IUT, à l’école d’ingénieurs SeaTech et à l’école doctorale Mer et sciences.

Quelles sont les disciplines enseignées par les chercheurs du MIO ?

C’est très large car l’Institut est un laboratoire pluridisciplinaire. Nous avons une expertise en océanographie physique, chimie, biogéochimie, microbiologie, biologie moléculaire, écologie, modélisation, statistiques, etc. Nous sommes fortement investis dans des projets mêlant plusieurs disciplines, ce qui permet de répondre à des interrogations sociétales et aux questions sur le climat. Le MIO accorde une grande place à la biologie moléculaire, à la modélisation mais aussi à l’étude des milieux profonds.

Quels conseils donneriez-vous aux étudiants qui souhaitent rejoindre votre centre d’expertise après leurs études ?

Au sein du MIO, nous avons beaucoup de doctorants venant des universités dAix-Marseille et de Toulon mais les places sont ouvertes à tous les étudiants qui suivent un diplôme en sciences de la mer en France.

Nous accueillons aussi des doctorants venant d’autres diplômes : en chimie, en mathématiques ou en bio-informatique. Le lien entre le climat et l’océan est un problème très complexe et nous avons besoin de compétences diversifiées pour aborder cette problématique dans son ensemble. Aujourd’hui, si on n’a pas une formation en sciences marines, on peut tout de même travailler sur des projets de recherche liés à l’océan. Il faudra combler certaines connaissances pour comprendre le fonctionnement du milieu marin dans son ensemble mais c’est possible.

Valérie Michotey, directrice du MIO © A. Barani

Quels sont les débouchés et métiers possibles après une formation en sciences de la mer ?

On peut travailler dans un laboratoire de recherche, dans des bureaux d’études ou dans des collectivités territoriales. Certains étudiants travaillent aussi chez EDF ou dans des grands groupes au sein d’un service dédié à l’environnement. Des anciens du MIO travaillent aussi à la métropole, au département ou à la région. Il y a de très nombreux débouchés.

Actuellement, les métiers liés à l’analyse des données sont en tension et recrutent particulièrement. L’enjeu de l’océanographie est de mieux comprendre le milieu marin, un milieu changeant dans lequel il faut faire des mesures régulières. Nous avons énormément de capteurs et de sondes installés sur différents navires ou implantés sur des animaux marins. Les engins sous-marins ou les balises livrent aussi énormément de données. Nous avons besoin de personnes ayant des compétences pour décrypter ces grands jeux de données.

Quelles sont les filières qui recruteront le plus à lavenir ?

Ce qui va se passer dans dix ans est difficile à anticiper car c’est un milieu très changeant. Mais une réflexion est menée sur les moyens de récolter des mesures en mer sans trop émettre de gaz à effet de serre. Ainsi, tous les métiers qui permettront de proposer des solutions alternatives afin de réduire lempreinte carbone de la recherche seront recherchés.

Dans nos filières, nous essayons de maintenir un niveau soutenu en mathématiques car nous sommes convaincus que pour analyser toutes ces données récoltées en mer, les maths sont indispensables. Je pense que les personnes intéressées par l’environnement ne doivent pas se détourner des mathématiques car elles permettent de répondre à des questions complexes. Si je peux donner un conseil aux collégiens, aux lycéens et aux étudiants en licence, je leur dirai de s’investir dans les cours de mathématiques et de statistiques car ces matières servent énormément pour la suite, quelle que soit la discipline vers laquelle on se dirige.

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