Chaque année, l’Institut Universitaire Européen de la Mer (IUEM) accompagne 280 étudiants dans le domaine des sciences de la mer et du littoral. Si l’Institut forme les chercheurs de demain, il soutient aussi les étudiants souhaitant se diriger vers d’autres voies qui conduiront les transformations à venir de nos sociétés.
Des propos recueillis par Marion Durand.
Vous voulez devenir océanographe mais vous cherchez une formation ? Océans connectés donne la parole aux directeurs d’établissements proposant des cursus dans les sciences de la mer. Pour le quatrième épisode de cette série, on donne la parole au directeur de l’Institut Universitaire européen de la mer (IUEM), Frédéric Jean. Installé au Technopôle Brest-Iroise à Plouzané, près de Brest, l’IUEM est une école interne de l’Université de Bretagne-Occidentale (UBO).
L’Institut européen de la mer a trois missions : la recherche, l’observation et la formation. Quelles sont les différentes formations proposées par l’IUEM ?
Nous proposons un master global, décliné en huit mentions : biotechnologies ; biologie ; gestion de l’environnement ; économie appliquée ; droit des espaces et des activités maritimes ; sciences de la terre, des planètes et de l’environnement ; chimie de l’environnement marin et physique.
Ces mentions sont portées ou co-portées par l’IUEM en partenariat avec l’Institut Agro Rennes ou avec des écoles d’ingénieurs. Notre objectif est de former les futurs chercheurs dans leur spécialité et de leur proposer une approche pluridisciplinaire car il est essentiel selon nous d’être acculturé aux autres sciences pour parler de l’océan. Nous avons donc des unités d’enseignement communes à tous les masters avec des possibilités de ponts entre les cursus. Chaque année, on forme 280 étudiants en master 1 et 2, soit 140 étudiants par promotion répartie entre les huit mentions.
Pourquoi la pluridisciplinarité est-elle importante ?
La pluridisciplinarité est la force de l’Institut. Les approches couplées entre les disciples sont essentielles pour aborder des questions autour de la soutenabilité de l’activité humaine dans le milieu marin mais aussi pour répondre aux interrogations sur l’avenir de la recherche. On considère que cette acculturation est nécessaire pour aborder les grands enjeux de transformation de nos sociétés.
L’IUEM accueille des étudiants étrangers, pourquoi cette ouverture vers l’international ?
L’Institut est partenaire du master international en ressources biologiques marines (IMBRsea), les étudiants circulent entre les différentes universités partenaires selon le parcours qu’ils ont choisi. On accueille donc, à Brest, une partie des étudiants de ce master. Une grande partie des cours se fait en anglais.
L’IUEM héberge l’école doctorale des Sciences de la Mer et du Littoral (SML). Quelle est sa particularité ?
Cette école thématique sur l’océan et les littoraux compte 200 doctorants, dont 160 environ travaillent dans des unités de recherche de l’IUEM, associées au CNRS, à l’IRD, à l’Ifremer, etc.. Les collaborations avec nos voisins sur le site brestois sont très fortes. On retrouve au sein des enseignements de masters et dans l’école doctorale des structurations pluri-organique qu’on retrouve dans les unités de recherche.
Au sein de l’école universitaire de recherche Isblue les ingénieurs et les chercheurs travaillent ensemble. Qu’apporte cette collaboration ?
L’objectif de cette école est de faire travailler ensemble les étudiants de l’IUEM et les autres étudiants, des écoles d’ingénieur par exemple, qui ont un lien avec les sciences marines. Ils se retrouvent autour de thématiques communes durant une semaine et collaborent sur des projets liés aux enjeux marins ou sur des prospectives scientifiques. À l’IUEM on forme les futurs chercheurs mais on sait que tous ne travailleront pas dans la recherche.
Pourquoi ?
Tous les étudiants ne se tournent pas vers la recherche, les places sont chères et le parcours est de plus en plus difficile. Aujourd’hui, pour être recruté sur un poste fixe en tant que chercheur, il faut suivre un master, poursuivre en doctorat puis travailler six ans à l’étranger. Ce parcours implique souvent des sacrifices. Le monde de la recherche était déjà difficile avant mais ça l’est de plus en plus, tout le monde n’a pas envie de mener cette vie. On aide les étudiants qui sortent des masters à prendre conscience de ces difficultés et on les guide vers d’autres voies.
Comment ?
En leur apportant des compétences diverses afin qu’ils puissent ouvrir les champs des possibles. On les aide à aller dans d’autres directions et on les forme à réfléchir aux transformations de nos sociétés sous un aspect scientifique. Nos anciens étudiants travaillent dans des bureaux d’études, dans l’enseignement, dans les collectivités territoriales, dans des entreprises privées… Les débouchés sont divers lorsqu’on se forme aux sciences de la mer.
On est aussi de plus en plus souvent démarché par des grands groupes qui s’intéressent au milieu marin mais qui ne sont, pour l’heure, pas en mesure de faire une réelle prospective sur les besoins précis qu’ils auront à l’avenir. C’est pour cela qu’il est important pour les étudiants qui choisiront de ne pas faire de la recherche d’avoir des compétences diverses.