Un nouveau rapport sur l’état de santé des océans

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Par Laurie Henry – Source : Copernicus

Le service Copernicus de surveillance de l’environnement marin (CMEMS) publie pour l’Union Européenne son 6ème rapport sur l’état de l’océan. Sur la base d’une synthèse de données recueillies à l’échelle mondiale et sur les mers régionales européennes, il dresse un état des lieux de la santé de l’océan de notre planète, en balayant trois grands axes : l’état physique des océans, son état biologique (faune et flore) et l’état des glaces.

Un rapport de référence basé sur des données robustes

Après six ans de fonctionnement, le Copernicus Marine Service est reconnu internationalement comme l’une des capacités de service les plus avancées en matière de surveillance et de prévision des océans. Il est maintenant utilisé par environ quarante mille services experts et utilisateurs dans le monde entier.

Le Copernicus Marine Service Ocean State Report (COSR) fournit un rapport annuel de référence pour l’Union européenne. Rédigé à destination des décideurs politiques, des agences environnementales, des Régions Périphériques Maritimes de l’UE et des organisations internationales (comme le GIEC ou l’OCDE par exemple), il vise à accroître la sensibilisation du grand public à l’état et aux changements de l’environnement marin et à mettre en évidence l’importance des données océaniques pour mieux comprendre et s’adapter aux changements.

Ainsi, en s’appuyant sur des analyses d’experts, chaque rapport fournit des informations régulières et systématiques sur l’état physique et biogéochimique de l’océan global, ainsi que sur sa variabilité, sa dynamique et la santé de ses écosystèmes. Dans ce 6ème rapport COSR, une nouvelle vue en 4D de l’océan est obtenue pour la période 1993-2020 par les systèmes de réanalyses (ie l’examen de données anciennes à travers des modèles numériques et algorithmes actuels) ainsi que par la combinaison de données obtenues de la surface des océans (par télédétection) jusqu’aux plus grandes profondeurs (par mesures in situ, CTDs notamment).

Dans ce nouveau rapport, une attention particulière est portée à l’année 2020, qui a été observée de près pour deux particularités :

  • C’est l’une des années enregistrée avec l’étendue de glace de mer en Arctique et le long du plateau sibérien la moins importante depuis le début des enregistrements rendus possibles grâce aux mesures satellite depuis la fin des années 1970,
  • En mai 2020, la mer Méditerranée a connu une vague de chaleur marine d’une intensité remarquable, atteignant des conditions qualifiées d’extrêmes dans la quasi-totalité du bassin oriental, dépassant de 6°C l’état habituel en milieu de mois.
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Étendue de la glace en Arctique 2021 (vert) par rapport à la moyenne de 1993 à 2014 (jaune) © Copernicus

Trois catégories maitresses

Ce 6ème rapport s’articule autour de trois thématiques, examinant l’évolution de l’océan en fonction du changement climatique :

  • Le « Blue Ocean », qui se concentre sur l’état physique de l’océan comme la température de surface, le niveau des mers, les courants océaniques, les vagues, les vents marins, la température de l’eau, la salinité et la densité.
  • Le « Green Ocean » qui se focalise sur l’état biologique et biogéochimique incluant le taux de chlorophylle (indice pour le phytoplancton et les algues), le taux de nutriments, l’acidification et la désoxygénation des océans
  • Le « White Ocean », qui s’emploie à rendre compte du cycle de vie de la masse de glace flottante dans les régions polaires, avec des indicateurs incluant l’extension, le volume, l’épaisseur des mers de glace de la mer Baltique, de l’océan Arctique et Antarctique.

Pourquoi collecter des données sur l’océan ? Quelle utilité pour la société ?

L’attention du public et des décideurs politiques a été portée sur ces données depuis une dizaine d’années, en conséquence des violentes tempêtes que les côtes européennes ont connues et ayant entraîné de nombreux dommages et des pertes humaines. Des outils d’informations fiables et complets doivent permettre de prévoir ces risques pour en minimiser les conséquences, mais aussi pour évaluer et comprendre le changement qui s’opère dans l’océan sur le long terme.

Ces données, résumées dans le 6ème rapport, constituent ainsi la base d’une gestion durable des océans, c’est-à-dire la manière dont nous gérons, utilisons et conservons les ressources océaniques. Concrètement, les données fournies et synthétisées dans ce rapport nous montrent où et comment les changements se produisent.

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Carte montrant les sites sensibles à l’eutrophisation en Europe © Copernicus

Un nouvel indicateur d’eutrophisation des eaux européennes est par exemple présenté dans ce 6ème rapport, sur la base d’observations satellitaires. L’intérêt est d’identifier les causes potentielles et les zones sensibles, afin d’établir des plans pour limiter la pollution induite par l’homme et protéger les écosystèmes marins. En effet, l’impact de l’eutrophisation sur les écosystèmes aquatiques est bien connu : une eau contenant beaucoup de nutriments (apports souvent d’origine humaine, par l’intermédiaire des eaux usées) stimule la croissance de plantes dégradant la qualité de l’eau et la disponibilité en oxygène et pouvant, à leur tour, entraîner la mort des organismes aquatiques.

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Pic de croissance de microalgues en Mer Baltique, illustration de l’eutrophisation © Alix Levain et al., 2022/ Hors-Série VertigO n°33

Les activités de recueils de données et de rapport du Copernicus Marine Service sont des éléments essentiels pour notre compréhension et notre capacité à prévoir les changements dans l’océan. C’est une nécessité pour guider les actions et politiques gouvernementales visant à préserver la biodiversité, gérer durablement les ressources marines, réduire la pollution et atténuer le changement climatique. La gestion durable de l’océan doit reposer sur une solide compréhension scientifique et sur des capacités de surveillance et de prévision des océans.

Télécharger le rapport (PDF)

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