FUTURISKS, des impacts aux solutions pour s’adapter au changement climatique dans les îles tropicales d’Outre-Mer

Financé par le Programme Prioritaire de Recherche « Océan & Climat » pour la période 2022-2028, le projet FUTURISKS vise à étudier les risques littoraux passés et futurs auxquels sont exposés les territoires insulaires tropicaux d’Outre-Mer français, pour trouver les solutions d’adaptation dans ces régions particulièrement exposées.

 

DES TERRITOIRES FRAPPÉS PAR LES BOULEVERSEMENTS ENVIRONNEMENTAUX

De la Nouvelle-Calédonie à la Guadeloupe en passant par Mayotte ou La Réunion, de la mer des Caraïbes aux océans Indien et Pacifique, six sites particulièrement vulnérables aux risques littoraux et aux conséquences du changement climatique ont été retenus pour expérimenter ce nouveau projet.

Ces îles tropicales des territoires français d’outre-mer sont en effet fortement exposées aux aléas météorologiques et océaniques. En particulier, leur localisation, à la fois intertropicale et hyperocéanique, ou encore l’augmentation des enjeux humains liés à une population croissante placent ces régions en première ligne des impacts du changement climatique. Élévation du niveau marin, intensification des épisodes pluvieux et des cyclones, augmentation de la fréquence des vagues de chaleur marines, dégradation accélérée des écosystèmes marins et côtiers etc…sont autant de conséquences visibles de bouleversements environnementaux déjà à l’œuvre dans ces territoires.

Les études scientifiques récentes projettent une forte augmentation des risques côtiers d’origine climatique dans ces régions d’ici la fin du siècle. Or, il existe encore d’importantes lacunes de connaissance, autant sur les processus physiques qui contrôlent les aléas littoraux que sur les impacts en cascade et les phénomènes d’amplification en jeu dans les événements combinés d’origine météo-marine.

FUTURISKS ambitionne d’améliorer la compréhension de ces différents éléments et d’accompagner, de manière concrète, les acteurs publics dans l’observation des phénomènes météo-marins et de leurs impacts, mais aussi dans la conception, la mise en œuvre et l’évaluation des politiques et actions de réduction des risques et d’adaptation au changement climatique.

Des dizaines d’habitations en bois ont perdu leur toit ou ont été inondées par la montée des eaux après le passage du cyclone Bjeisa en Janvier 2014 à La Réunion ©Reuters

TROIS AXES ET CINQ ÉTAPES POUR UNE APPROCHE ORIGINALE

FUTURISKS mobilisera une triple approche originale “passé-futur”, interdisciplinaire et participative :

  • L’approche “passé-futur” s’appuiera sur l’étude des événements météo-marins du dernier siècle pour mieux comprendre les processus qui contrôlent l’érosion côtière et la submersion marine, ainsi que pour caractériser les impacts catastrophiques de ces phénomènes sur les territoires. Le but est de mieux appréhender les risques côtiers futurs sur des bases concrètes, contextes-spécifiques et robustes. Cette approche reposera principalement sur des recherches historiques, la modélisation des processus physiques, l’analyse d’images satellites et la reconstruction des chaînes d’impacts des événements climatiques passés
  • L’approche interdisciplinaire déployée dans FUTURISKS impliquera des spécialistes de géosciences (océanographes physiciens et géomorphologues) et de sciences humaines et sociales (géographes, géomaticiens, politistes, juristes et anthropologues), qui s’organiseront autour de 5 tâches transversales :
    • La reconstruction des événements passés et de leurs impacts sur les territoires
    • L’analyse à haute résolution des processus physiques qui contrôlent les niveaux extrêmes et la submersion marine
    • L’évaluation des solutions mises en œuvre, et la co-construction avec les acteurs de territoire des trajectoires d’adaptation à adopter
    • L’évaluation des risques futurs et des incertitudes associées
    • La construction d’une plateforme d’aide à la décision et de dissémination des résultats
  • L’approche participative s’appuiera sur une collaboration étroite avec les acteurs des territoires concernés par les risques côtiers et en charge des politiques de réduction des risques et d’adaptation au changement climatique

DES RÉSULTATS SCIENTIFIQUES ET DES SOLUTIONS ATTENDUES

Financé pour 6 ans, le projet FUTURISKS répond ainsi au premier défi du PPR « Océan & Climat » visant à « prévoir les impacts des phénomènes extrêmes liés au changement climatique en outre-mer ». Le projet est coordonné par Virginie Duvat, enseignante chercheure et Xavier Bertin, directeur de recherche CNRS, tous deux membres du laboratoire de recherche interdisciplinaire LIENSs (Littoral, Environnement et Société) de l’Université de la Rochelle.

Grâce à sa nouvelle démarche pluridisciplinaire et coconstruite, des résultats majeurs sont attendus pour ce projet. L’analyse des risques et l’élaboration de solutions nouvelles doit permettre d’assister les gestionnaires et les décideurs en charge des risques littoraux et de l’adaptation. La prise en compte de la perception et de la compréhension des risques littoraux par les citoyens, le développement de recherches participatives ou encore la multiplication d’actions de dissémination (intervention dans les écoles, conférences grand public, documentaires etc.) et de communication dans les médias doivent également permettre de rendre plus efficaces les actions visant à sensibiliser et à impliquer les acteurs de la société civile.

Enfin, FUTURISKS ambitionne de forts impacts scientifiques, que ce soit par la formation d’une nouvelle génération de jeunes chercheurs (via le financement de thèses et masters en particulier) ou par une forte production attendue d’articles scientifiques. In fine, FUTURISKS se présente comme un projet moteur dans la structuration de la communauté scientifique ultra-marine impliquée dans les enjeux autour des risques littoraux liés au changement climatique.

Au total, FUTURISKS implique un vaste consortium de 48 chercheurs et chercheuses affilié·es à 17 laboratoires français, ainsi que des experts internationaux.  En complément de la Rochelle Université et du CNRS, les établissements partenaires du projet sont le SHOM, l’IRD, le BRGM, l’Ifremer, l’Université de la Réunion, l’Université Caen Normandie, le Centre Universitaire de Formation et de Recherche de Mayotte, l’Université de Bretagne Occidentale de Brest, l’Université Paul Valéry Montpellier 3, l’Université de Montpellier, l’Université de Toulon, l’Université Aix-Marseille, la Fondation Nationale des Sciences Politiques et la Direction de l’Industrie, des Mines et de l’Energie/ Service Géologique de Nouvelle-Calédonie, avec la contribution de l’organisation régionale du SPC (the Pacific Community) en Nouvelle-Calédonie.