C’est par ces mots qu’Anaïs Menard, jeune ingénieure chez Louis Dreyfus Armateurs, conclut son intervention aux Assises de l’économie de la mer qui se sont tenues les 4 et 5 novembre à La Rochelle. Elle représente l’avenir du monde maritime, comme les neuf autres jeunes à ses côtés. Qu’ils soient pêcheur, ostréicultrice, pilote d’hélicoptère dans la Marine Nationale, observatrice scientifique ou encore doctorante en microbiologie, leur parole porte leur passion commune pour la mer. Ensemble, ils soulignent la nécessaire confiance mutuelle entre les acteurs, en particulier entre les pêcheurs et les scientifiques. Mais ils veulent également débattre de certaines difficultés concrètes d’emploi ou de formation, comme la situation des jeunes docteurs que la précarité pousse parfois vers le privé.
Pour son vingtième anniversaire, cet évènement des Assises de la Mer a esquissé l’avenir de l’économie maritime en insistant sur la nécessité de préserver les ressources océaniques.
Rien ne peut se construire sans travail scientifique
Le Président de la République Emmanuel Macron estime que « nos mers sont redevenues des espaces de prédation« , soulignant malgré tout les grandes avancées récemment obtenues par les acteurs français – dont l’accord BBNJ* initié à l’occasion du One Ocean Summit à Brest en 2022, ou encore le lancement, à l’occasion de l’UNOC à Nice en juin dernier, du fonds pour la mission Neptune pour la connaissance des grands fonds. Le Président de la République martèle que « rien ne peut se construire sans travail scientifique ». Il évoque de grands projets et des financements associés, ainsi qu’une volonté de souveraineté affirmée pour la pêche que « l’État doit soutenir en luttant notamment contre les pratiques illicites » et pour la filière énergétique « qui revêt une importance stratégique ». Le chef de l’État n’a cependant pas gratifié l’assistance d’annonce particulière sur les énergies renouvelables, comme celle il y a deux ans relative à 45 GW d’EMR promis à l’horizon 2050.
L’économie est liée au bon état des écosystèmes
Mais soyons rassurés en notant que l’urgence climatique était au cœur des préoccupations de ces Assises de la Mer. Xavier Ducept, Secrétaire Général de la mer, a souligné « la nécessité de fédérer les différentes administrations pour développer la recherche » et Fabien Boileau, directeur de la mer et des aires protégées à l’Office français de la biodiversité répète inlassablement que » l’économie est liée au bon état des écosystèmes ». Le navire océanographique du futur, qui devrait être hybride et vélique, selon les promesses de François Houllier, PDG d’IFREMER, devrait apporter les données scientifiques nécessaires aux futures décisions politiques, relatives par exemple à l’exploitation des grands fonds marins et leur connaissance.
Durant ces Assises de la Mer, aucun sujet n’a été oublié : Outre-mer, propulsion vélique des navires, drones, surveillance spatiale et innovation. Celle-ci a été récompensée par trois prix : pour le lancement du navire à propulsion vélique Neoliner Origin et pour la solution de routage de la société D-Ice, qui participent tous deux à la décarbonation du transport maritime, ainsi que pour un système de communication entre plongeurs sous-marins imaginé par la société 52 Hertz avec le soutien de l’IFREMER. L’avenir d’une économie maritime respectueuse de son environnement semble très riche de promesses.
Gwenaëlle Le Goff et Carole Saout-Grit
* L’accord BBNJ (Biodiversity Beyond National Jurisdiction) se rapporte à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et porte sur la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale
