Le Groenland fond plus vite que ce que prévoyaient les modèles, et les scientifiques viennent de découvrir pourquoi. Un forage profond révèle des signaux minuscules, enfouis sous des siècles de glace. Ce que les chercheurs y ont trouvé rebat les cartes de notre compréhension du mouvement des glaciers.
par Laurie Henry
Photo de couverture : Camp scientifique installé sur le courant glaciaire du nord-est du Groenland (NEGIS), à environ 400 kilomètres de la côte. © Lukasz Larsson Warzecha / LWimages
Les glaciers du Groenland sont parmi les principaux contributeurs à la montée des océans. Leur comportement est crucial pour les prévisions climatiques. Jusqu’à présent, les modèles glaciologiques reposaient sur l’idée que les fleuves de glace s’écoulent lentement et de manière continue, comme un fluide visqueux, et que leurs déplacements se font de manière homogène, sous l’effet de la gravité et du gradient de pression interne. Ces hypothèses permettaient jusqu’ici de simuler de façon relativement fiable la dynamique des calottes polaires. Mais cette vision simplifiée ne suffit plus à expliquer les observations récentes. Une équipe internationale, coordonnée par l’École polytechnique fédérale de Zürich (ETH Zürich) en collaboration avec l’Institut Alfred Wegener, le CNRS et l’Université de Strasbourg, vient de révéler un mécanisme inattendu : des microséismes internes qui accélèrent la fonte des glaciers.
Le fleuve de glace du nord-est du Groenland (NEGIS), le plus vaste de l’île, s’est donc révélé plus complexe que prévu. Sa vitesse d’écoulement, mesurée par satellite, présente des irrégularités que les modèles classiques ne parvenaient pas à expliquer. Pour sonder cette anomalie, les chercheurs ont observé la glace non plus en surface, mais jusqu’aux plus grandes profondeurs. Pour cela, ils ont utilisé une technique innovante