De l’Alaska aux Pyrénées, les glaciers s’amenuisent à une vitesse inédite. Cette fonte, désormais mesurée avec une grande précision, bouleverse les équilibres hydrologiques et alimente directement la montée des mers. Un ensemble de données combinées entre 2000 et 2023 par des équipes internationales confirme une fonte globale des glaciers terrestres et dessine un avenir où l’eau fera office de ressource précieuse.
par Laurie Henry
En tant que piliers du cycle de l’eau, les glaciers terrestres constituent d’importants réservoirs d’eau et participent à la régulation climatique sur notre planète. Leur fonte alimente les rivières en été, stabilise les écosystèmes de montagne et participe à l’augmentation globale du niveau des océans.
Aujourd’hui, leur déclin rapide n’est plus une hypothèse mais une réalité chiffrée. Une récente étude internationale dresse un bilan inédit de leur évolution sur près d’un quart de siècle. Coordonné par le consortium GlaMBIE (pour Glacier Mass Balance Intercomparison Exercise), ce travail de synthèse a mobilisé 35 équipes de recherche issues de 19 régions glaciaires, impliquant notamment des scientifiques français du CNRS et du LEGOS à Toulouse.
Les résultats sont sans appel : entre 2000 et 2023, les glaciers hors calottes polaires ont perdu 5 % de leur volume, avec une accélération marquée ces dernières années. Ce constat éclaire de nombreux enjeux immédiats comme la ressource en eau, la gestion des zones côtières et les impacts socio-économiques associés.
Des mesures croisées pour une vision globale fiable
Longtemps les scientifiques ont manqué de données homogènes et globales pour évaluer la fonte des glaciers. Chaque méthode apportait des éléments fragmentés : les mesures de terrain, limitées à quelques centaines de glaciers accessibles, ne reflètent pas la diversité planétaire ; les images satellites, précises mais dispersées, donnent des résultats difficiles à comparer. Pour la première fois, le consortium GlaMBIE, coordonné par le World Glacier Monitoring Service de Zurich avec le soutien de l’Université d’Édimbourg, a rassemblé l’ensemble de ces approches et permis à près de 450 chercheurs d’harmoniser 233 séries de mesures.