[Vendée Globe 2024 – #1] – Ce dimanche 10 novembre 2024, l’émotion était forte sur les pontons du port des Sables d’Olonne pour saluer les 40 marins prenant le départ de la 10ème édition du Vendée Globe. Ces sportifs de haut niveau sont montés seuls à bord de leur IMOCA de 18 mètres de long pour se lancer dans la plus grande course autour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance. Retour en détail sur le parcours légendaire emprunté par ces ambassadeurs des mers autour des océans du globe.
Partenaire scientifique du Vendée Globe, océans connectés accompagne le parcours de cette édition 2024 d’éclairages scientifiques liés aux océans. Chaque semaine, nous mettrons ainsi en lumière les particularités océaniques traversées par les skippers et les faits marquants de l’engagement de certains d’entre eux pour la science.
par Carole Saout-Grit
Photo de couverture : Alignement sur la ligne de départ des IMOCA pour le Vendée globe 2024 © océans connectés
Une planète, un océan
La Terre, cette planète bleue, porte bien son nom. Avec 70,8 % de sa surface couverte par les océans, ce gigantesque volume d’eau de plus de 1,3 million de km³ est un élément central de la vie et de notre climat.
L’étendue océanique est répartie de façon très dissymétrique entre l’hémisphère sud très maritime (avec ses 80,9 % de surfaces océaniques) et l’hémisphère nord plus continental (avec 60,7 % d’océans). Mais au total, la haute mer représente 43 % de l’espace océanique, un territoire sans frontières, appartenant à l’humanité toute entière.
Géographiquement, l’espace océanique est composé de cinq bassins aux caractéristiques différentes : l’océan Pacifique est le plus grand bassin du monde, recouvrant un tiers du globe et 43,5% de la surface océanique terrestre ; l’océan Atlantique est le deuxième plus grand océan du monde, occupant 28 % de la surface terrestre ; l’océan Indien, troisième océan du monde situé entre l’Afrique et l’Australie, représente 19,4% de la superficie maritime terrestre.
Au pôle Nord, l’océan Arctique représente 3,7% de la surface maritime et 14 millions de km2. Recouvert de glace la plupart de l’année, il est le plus petit océan du monde mais joue le rôle de sentinelle du climat : sur les 50 dernières années, l’Arctique s’est réchauffé deux fois plus vite que la moyenne globale.
Enfin, au Sud du globe, le continent Antarctique est encerclé par l’océan Austral, qui représente près de 5,4% des océans du globe. L’océan Austral est animé par un courant marin, le Courant Circumpolaire Antarctique, qui est le plus puissant de la planète !
C’est grâce à l’océan Austral que les océans se connectent les uns aux autres pour ne faire qu’un océan global, faisant de lui un pilier de la machine climatique. L’océan Austral joue le rôle de poulie pour les échanges de chaleur et d’énergie qui sont répartis par les courants marins du nord au sud de la planète, et de la surface jusqu’aux plus grandes profondeurs océaniques.
Une traversée légendaire des trois plus grands bassins océaniques
Pour ce Vendée Globe 2024, les skippers vont parcourir 45 000 kms (soit plus de 24000 miles) autour du globe. En près de 3 mois, ils vont traverser ces trois plus grands bassins océaniques de la planète : Atlantique, Indien et Pacifique.
Après avoir quitté le golfe de Gascogne, les marins parcourent l’océan Atlantique en longeant d’abord les côtes européennes puis nord-africaines. Alors que le départ de la course s’est fait sans vent (faute à un bel anticyclone présent au sud de l’Irlande), la descente de l’Atlantique nord a été rapidement chahutée au passage de la pointe ibérique. Le fameux Cap Finisterre et ses falaises rugueuses est réputé pour être un couloir de vent provoqué par la présence des chaines montagneuses de la Corogne, et une zone océanique agitée à la frontière entre le golfe de Gascogne et le grand Atlantique.
Carte des vents sur l’Atlantique Nord au 15/11/2024 (source : windy)
Mais c’est au passage de la latitude à 30°N que les marins vont entrer dans une vaste zone de hautes pressions quasi permanente au large des Açores, une zone d’accalmie baptisée anticyclone des Açores. Et cette zone se retrouve également sur la carte des courants marins… En effet, en moyenne sur le globe, la carte des vents est presque superposable à la carte des courants marins de surface. Les circulations atmosphériques et océaniques s’articulent autour de grandes gyres ou boucles de circulation qui, dans l’hémisphère nord, sont anticycloniques et tournent dans le sens des aiguilles d’une montre – et inversement dans l’hémisphère sud.
De nombreux défis dans les mers du Sud
Une fois passé cet anticyclone, les marins devraient donc pouvoir franchir l’équateur, aux alentours de leur 10ème jour de leur navigation, et se laisser glisser en Atlantique Sud. Le passage du Cap de Bonne-Espérance, à la pointe de l’Afrique du Sud, marquera alors la transition vers l’océan Indien, un moment clé du parcours.
L’océan Indien est marqué par de fortes interactions océan-atmosphère, qui influencent notamment les cycles de mousson. C’est à partir de cet océan Indien que les skippers s’engageront dans les mers du Sud si mythiques.
L’océan Austral est en effet le siège des principaux extrêmes météorologiques (notamment par ses fameux vents des 40ème hurlants et 50ème rugissants) et des principaux dangers maritimes, du fait de la présence importante de glaces et icebergs. Aussi, par sécurité, les skippers du Vendée Globe devront restés éloignés des zones les plus à risques et ne pas franchir une ligne démarquant une ZEA (Zone d’Exclusion Antarctique) tracée par le CNES à partir de l’observation faite par satellite des positions des glaces.
Évidemment, la route sera longue dans le sud de l’océan Indien et aux limites de l’océan Austral. Il faudra attendre aux alentours du 35ème jour de mer pour voir les marins passer le Cap Leeuwin, au sud-ouest du continent australie, et faire leur entrée dans l’océan Pacifique.
Là, ils passeront à proximité du fameux point Nemo, point en mer géographiquement le plus éloigné de toutes terres. Les skippers ne reverront la terre ferme qu’au 55ème jour de mer environ, en passant le fameux Cap Horn, au large de l’Amérique du Sud. Un Cap mythique, symbole d’une sortie du Pacifique et d’une nouvelle entrée dans l’Atlantique Sud. Le dernier passage pour une remontée de plus de 7000 miles qui conduira nos héros des mers vers les Sables d’Olonne et la ligne d’arrivée.
Cette première semaine de course confirme une variation importante des conditions météorologiques, et leur corrélation forte avec les conditions océaniques. L’océan est mis en mouvement en surface par des vents qui agissent de concert avec les courants marins. Les 40 skippers de ce Vendée Globe 2024 doivent donc être prêt à composer à tout moment avec les changements de conditions atmosphériques et océaniques, s’ils veulent performer et tirer parti des meilleures prévisions de vent et de mer.