En 2023, 22% de la surface océanique mondiale a connu au moins une vague de chaleur marine grave ou extrême. De plus en plus fréquentes et intenses, chacune d’elle bouleverse l’équilibre des océans. En perturbant la floraison printanière du phytoplancton, elles fragilisent la chaîne alimentaire marine et compromettent la capacité des océans à capter du carbone. Ces perturbations menacent directement la biodiversité et amplifient la crise climatique globale.
par Laurie Henry
Photo de couverture : Tourbillons de prolifération d’algues dans le nord de la mer Adriatique, le long de la côte italienne. © ESA
En Méditerranée nord-occidentale, la température de la mer ne cesse de battre des records saisonniers, révélant un phénomène qui s’inscrit dans une tendance climatique globale de fond. Ce réchauffement ne se limite pas à la surface puisqu’il modifie la structure même de la colonne d’eau, perturbant des mécanismes naturels qui permettent la productivité marine.
Pour comprendre comment ces anomalies thermiques affectent la biologie océanique, une équipe de chercheurs du Conseil national de la recherche d’Italie (CNR-ISMAR), de l’East China Normal University et de Mercator Ocean International s’est penchée sur les effets des vagues de chaleur marines hivernales. Menée dans le cadre du projet européen CAREHeat et publiée en 2024 dans Geophysical Research Letters, cette étude mobilise observations satellitaires, flotteurs BGC-Argo et modèles numériques pour évaluer l’impact de ces épisodes sur la floraison printanière du phytoplancton, maillon central des écosystèmes marins.