Le mérou blanc largement surexploité en Afrique de l’Ouest

03/09/2025

10 minutes

océans et société

Sous la surface des eaux d’Afrique de l’Ouest, le mérou blanc circule, capturée par des centaines de pirogues chaque jour. Mais que sait-on vraiment de son état après des décennies de pêche ? Pour la première fois, des chercheurs ont croisé toutes les données disponibles pour tenter d’y voir clair.

Par Laurie Henry

Photo de couverture : Pêche traditionnelle au Sénégal. © Wikimedia commons

Sur les côtes de Mauritanie, du Sénégal et de la Gambie, le thiof est bien plus qu’un poisson : il alimente les assiettes, les revenus et les traditions. Très prisé par la pêche artisanale, ce mérou blanc est au cœur d’un équilibre fragile entre besoins humains et ressources marines. Ces dernières années, des scientifiques ont décidé de rassembler leurs données et leurs expertises pour comprendre l’évolution de cette espèce emblématique. Avec l’appui de la FAO et de projets européens, ils ont compilé plus de quarante ans d’observations en mer, d’enregistrements, de captures et de mesures de poissons débarqués. Leur objectif : mettre en lumière l’état réel du stock de thiof dans cette région où les frontières administratives ne correspondent pas à celles de l’océan. Leurs résultats, publiés en février 2025 dans la revue Fishes, confirment que « la pression de pêche sur le thiof a atteint un niveau inédit entre 2016 et 2018 », et ce dans un contexte de forte demande et d’absence de gestion coordonnée.

Des dynamiques contrastées entre les pays

L’étude met en évidence des trajectoires d’exploitation très différentes selon les pays, bien que le mérou blanc (Epinephelus aeneus) circule librement entre les eaux mauritaniennes, sénégalaises et gambiennes.

Au Sénégal, la pêche au thiof est pratiquée depuis les années 1970, principalement par des pirogues artisanales utilisant lignes, palangres et filets dormants. Cette exploitation ancienne a conduit à un effondrement de la structure démographique du stock. Selon un modèle statistique s’intéressant simplement à la taille des poissons pêchés et appliqué à la période 2019–2021, la taille moyenne des poissons capturés y est tombée à 33 cm, bien en-deçà de la taille optimale de capture estimée à environ 58–60 cm. L’indicateur de mortalité par pêche rapporté à la mortalité durable atteint 8,8 – soit près de neuf fois la limite permettant un renouvellement stable du stock.

Adhésion requise

Vous devez être membre du site pour accéder à ce contenu.

Voir les niveaux d’adhésion

Already a member? Connectez-vous ici

ces événements pourraient vous intéresser... tout voir