Cartographie d’un monde peu connu : l’océan Austral livre ses secrets

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Au pôle sud, la première carte ultra-précise des fonds marins de l’océan Austral a été construite par les scientifiques allemands de l’Institut Alfred Wegener dans le cadre du projet « Seabed 2030 », grâce à des relevés effectués par des navires autour de l’Antarctique.

L’union fait la force

C’est une œuvre collégiale.
Financés par la « Nippon Foundation » (Japon) et le « General Bathymetric Chart of the Oceans » (GEBCO) – co-dirigé par l’Organisation Internationale Hydrographique et par la commission océanographique de l’UNESCO, l’équipe et ses collègues internationaux ont cartographié finement 77 millions de km² au total.
Les résultats couvrent une surface deux fois plus grande que celle de la première carte publiée en 2013, avec un niveau de précision jamais atteint jusqu’à présent.

Monts, plaines abyssales, canyons… La « carte bathymétrique internationale de l’océan Austral » – siglée « IBCSO » en anglais – révèle tout ce qui se cache sous la glace. Les formes sont riches et variées, le monde d’en bas est tout sauf lisse.

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Carte montrant les valeurs des profondeur finales de l’océan Austral, sur la base des données rapportées par GMT blockmedian. © Dorschel, B., Hehemann, L., Viquerat, S. et al. The International Bathymetric Chart of the Southern Ocean Version 2. Sci Data 9, 275 (2022)

Les données utilisées proviennent de sources multiples.
Gouvernements, entreprises, institutions, nombreuses sont les organisations qui ont mis leurs données à disposition des chercheurs. Et ces derniers, afin d’apporter un niveau de détail supplémentaire, ont également sollicité les navires brise-glace, ces bateaux puissants permettant d’ouvrir des voies de navigation dans les eaux prises par la glace.
Objectif ? Les encourager à activer leurs sonars au cours des traversées entre l’Antarctique et la pointe australe des continents, pour les leur transmettre ensuite.
Résultats : les chercheurs ont rassemblé par ce biais, bon nombre de mesures de profondeur, ou “bathymétrie”, qui sont venues compléter leur travail.

7 000 mètres sous les mers

7 432 mètres. C’est la profondeur à laquelle se situe le point le plus profond de l’Océan Austral, en tout cas, jusqu’à une possible nouvelle découverte scientifique !
Grâce à ce travail, la profondeur est non seulement connue mais également la topographie. Ce point est en fait une fosse, baptisée fort à propos “Factorian Deep”. Et l’aventurier texan Victor Vescovo l’avait explorée en 2019 avec son sous-marin Limiting factor.

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Victor Vescovo, ancien officier de l’US Navy qui a plongé au plus profond des cinq océans de la Planète. © Discovery Communications LTD

Et pour demain ?

Ces connaissances sont précieuses.
En ayant maintenant conscience de la localisation des dorsales et des monts, donc des lieux de concentration de la biodiversité animale et microbienne, les institutions ont dorénavant plus de cartes en main pour mieux préserver les écosystèmes et améliorer la sécurité de la navigation dans la zone et la gestion de la pêche.

La forme du plancher océanique influence aussi les courants marins et leur dynamique : connaître le premier, c’est avoir plus d’éléments pour anticiper les seconds. Cette carte IBCSO est donc un élément-clé pour mieux anticiper le climat futur.

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