Les eaux du golfe de Winam, au Kenya, se parent d’une teinte verte inquiétante. Ce phénomène, bien plus qu’un simple changement de couleur, révèle une crise écologique et sanitaire majeure. Des cyanobactéries toxiques envahissent les eaux douces et mettent en danger des millions de personnes. Une récente étude révèle l’ampleur et la complexité de cette prolifération ainsi que ses implications locales et planétaires.
par Laurie Henry
Photo de couverture : Le golfe Winam du lac Victoria. © George Bullerjahn/Bowling Green State University
La prolifération des cyanobactéries toxiques dans les eaux douces représente un enjeu sanitaire et écologique majeur à l’échelle mondiale. Ces micro-organismes, favorisés par le réchauffement climatique et l’enrichissement excessif en nutriments, contaminent les lacs dont les ressources sont vitales pour la pêche, l’irrigation et la consommation humaine.
Au Kenya, le golfe de Winam, bras oriental du lac Victoria, est touché toute l’année par ces proliférations appelées cyanoHABs. Une vaste étude menée entre 2022 et 2023 par une équipe internationale (Université du Michigan et de Bowling Green State University, en collaboration avec des institutions kenyanes) a cartographié le phénomène sur 31 sites du golfe. Publiés en janvier 2025 dans Applied and Environmental Microbiology, les résultats de cette étude métagénomique détaillent la composition et le potentiel toxique de ces proliférations. Ce cas précis, rarement documenté à cette échelle sur le continent africain, éclaire aussi les dynamiques futures attendues dans d’autres lacs sous pression, comme le lac Érié en Amérique du Nord.