30 ans de données pour décrypter l’océan Austral en profondeur

9/9/2025

8 minutes

océans et technologies

Des sondes discrètes sont larguées chaque été depuis trente ans et enregistrent la température de l’eau en plein océan Austral. Cette base de données exceptionnelle construite dans le temps permet aujourd’hui une fine cartographie des couches profondes d’un océan peu observé où circulent pourtant d’importants courants et tourbillons très énergétiques.

Par Laurie Henry

Dans les hautes latitudes de l’hémisphère sud, une grande partie des échanges de chaleur entre l’océan et l’atmosphère se joue dans l’océan Austral, un océan difficile d’accès et encore largement méconnu. Ce vaste bassin entoure le continent antarctique et abrite l’un des courants majeurs de la circulation océanique globale et le plus puissant de la planète, le courant circumpolaire. Pour mieux comprendre cette région clé, des chercheurs ont mis en place depuis 1994, une surveillance en continu. Chaque été austral, des campagnes océanographiques ont permis d’y collecter des milliers de profils de température. Les résultats publiés dans le journal Earth System Science Data présentent une base d’observations unique qui documente la dynamique thermique de la zone stratégique comprise entre la Nouvelle-Zélande et l’Antarctique, avec un potentiel d’application direct dans la modélisation du climat global.

Un verrou océanique stratégique au cœur du climat mondial

La zone située entre Aotearoa/Nouvelle-Zélande et la mer de Ross est une zone charnière pour le climat planétaire. Ce passage étroit contrôle une partie essentielle du transport océanique et traverse le courant circumpolaire antarctique (ACC), principal vecteur de chaleur, de sel et de nutriments vers l’Antarctique. Cette zone joue un rôle essentiel dans le fonctionnement de la circulation thermohaline globale : les eaux qui y transitent influencent non seulement les écosystèmes marins antarctiques, mais aussi les échanges énergétiques globaux entre atmosphère et océans.

Cette région est particulièrement complexe puisque la présence du plateau de Campbell perturbe localement le trajet du courant, générant des fronts multiples et des structures dynamiques intenses. Les chercheurs ont concentré leurs efforts sur cette zone stratégique régulièrement parcourue par les navires de recherche Italica, Araon et Laura Bassi. Durant 30 campagnes conduites entre 1994 et 2024, les scientifiques y ont collecté des profils de température grâce à des sondes XBT (expendable bathythermographs), larguées à intervalles de 20 km. Ces profils, d’une résolution verticale maximale de 65 centimères, couvrent une profondeur maximale de 760 mètres, là où se joue une grande partie des échanges thermiques dans la zone.

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