Vendée Globe 2024 : organisateurs, sportifs et océanographes main dans la main pour la protection des océans

La première conférence de presse de lancement du Vendée Globe 2024 a eu lieu le 6 février à la Maison de l’Océan de l’UNESCO à Paris. Un lieu hautement symbolique pour les organisateurs de cette 10ème édition de la course au large, qui ont pu dévoiler leurs dix nouveaux engagements environnementaux visant à accélérer les actions collectives en faveur de la protection des océans

par Carole Saout-Grit

Une course mythique pour des marins d’exception

Le départ de la 10ème édition du Vendée Globe sera officiellement donné le 10 novembre 2024 aux Sables d’Olonne en Vendée (France). 38 hommes et 6 femmes, de 16 nationalités différentes, sont d’ores et déjà candidats pour s’aligner sur la ligne de départ de ce que l’on nomme l’Everest des Mers, la plus grande course au large autour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance.

Parcours de la 10ème édition du Vendée Globe 2024  ©Vendée Globe

Tous les 4 ans, à bord de leurs IMOCA (une classe de voiliers monocoques de 18 mètres de long), ces marins d’exception parcourent tous les océans de notre planète soit 45 000 kilomètres, en moins de 3 mois de navigation. Ils pilotent les plus grosses « Formule 1 des mers » dans des conditions météorologiques et océaniques parfois dantesques. Tous ont en tête ce record à battre, actuellement détenu par Armel Le Cléac’h, vainqueur de l’édition 2016-2017 à bord de son IMOCA Banque Populaire en 74 jours, 3 heures, 35 minutes et 46 secondes.

Arrivée de Armel Le Cleac’h (FRA), skipper Banque Populaire VIII, vainqueur du Vendee Globe en 74j 3h 35min 46sec, aux Sables d’Olonne, France, le 19 Janvier 2017 – Photo Vincent Curutchet / DPPI / Vendee Globe

Mais pour beaucoup, la plus grande victoire sera déjà de boucler ce tour du monde jusqu’aux Sables d’Olonne en étant sain et sauf, sans casse pour le marin comme pour le bateau. Pour 17 d’entre eux, ce Vendée Globe 2024 sera « une première fois », tandis que d’autres seront sans aucun doute plus aguerris par leurs précédentes participations, à l’image du breton Jean Le Cam qui détient le record de 6 participations depuis 2004.

Tous ont un point commun , tous se savent vulnérables seuls en plein océan. Alors ils se préparent aussi bien physiquement que mentalement, à connaître autant de joies immenses que de possibles avaries et autres frayeurs susceptibles d’arriver à chaque seconde de leur parcours.

Un devoir d’exemplarité

Depuis 2003, l’organisation du Vendée Globe, portée par la société d’économie mixte SAEM Vendée (regroupant le Conseil Départemental de Vendée, la Ville des Sables d’Olonne, la Région Pays de la Loire et 32 entreprises vendéennes) a rapidement pris conscience de l’impact environnemental que peut avoir un tel évènement sportif international, drainant plusieurs milliers de visiteurs à chaque édition.

Mais elle est aussi consciente de son impact médiatique, et souhaite s’en servir pour sensibiliser le public tout au long du parcours de la course autour du monde, à la préservation des océans.

En 2024, les organisateurs souhaitent donc accélérer leur rôle d’exemplarité dans leur engagement pour l’environnement et la sensibilisation du grand public. Ils ont donc écrit une nouvelle feuille de route articulée autour de 4 axes :

  1. Anticiper, par la mise en place d’outils de mesure destinés à évaluer l’impact carbone de l’évènement sur l’environnement
  2. Réduire: mettre en œuvre les actions pour réduire cet impact environnemental (appels d’offres avec clauses environnementales, charte des acteurs du village, économie circulaire favorisée, mobilités douces encouragées, matériaux innovants pour la fabrication des IMOCA etc…)
  3. Inspirer: c’est en s’appuyant sur le travail de 4 partenaires scientifiques (Ifremer, TAAF, Polar Journal et Océans Connectés) que le Vendée globe souhaite sensibiliser le public à la préservation de l’océan, en faisant en sorte que chaque passionné du Vendée Globe puisse suivre la course et les exploits des skippers tout en acquérant des connaissances sur l’océan. Une page « OCEAN » sera dédiée à tous les contenus éducatifs en lien avec la protection de l’océan sur le site internet du Vendée Globe. Cette page sera alimentée dès l’avant course, puis tout au long du parcours par des actualités, des photos, des vidéos en lien avec l’océan proposées par les partenaires océan de la course. Ces contenus viendront enrichir les pages actualités de la course.
  4. Bâtir un héritage positif : le Vendée Globe aspire à agir sur le long-terme pour la protection des océans, au-delà de ces rendez-vous de la course tous les 4 ans. Ainsi, la SAEM Vendée et le Département de Vendée créé le « Vendée Globe Foundation » pour soutenir la protection de l’océan et certains projets de recherche scientifique.

Agir ensemble pour soutenir la recherche scientifique 

En découvrant le parcours et le palmarès des 44 skippers lors de cette conférence de presse, on s’aperçoit rapidement qu’ils sont déjà, et pour beaucoup, largement engagés pour des causes sociétales ou environnementales.

Certains skippers travaillent au côté des scientifiques depuis quelques années déjà. Cette année, dans le cadre de la Décennie des Sciences Océaniques 2021-2030, l’UNESCO-CIO et le Vendée Globe ont signé un partenariat ambitieux avec l’objectif d’équiper les bateaux d’outils technologiques afin d’enrichir les bases de données scientifiques internationales du GOOS (Global Ocean Observing System), notamment dans les zones peu fréquentées des mers du Grand Sud autour de l’Antarctique.

Vue globale des différentes composantes du GOOS (Global Ocean Observing System) – © IOC-UNESCO

C’est ainsi qu’au départ du Vendée Globe 2020, une dizaine de skippers ont embarqué 6 bouées dérivantes, un flotteurs profileur et d’autres instruments océanographiques pour permettre le long de leur parcours de course, la mesure en continu de la salinité, de la température ou encore du CO2 en surface.

Boris Hermmann prépare le déploiement d’un flotteur profileur durant le Vendée Globe 2020 © UNESCO

En 2024, ils seront près d’une vingtaine de skippers engagés pour la science. Pour l’instant, cet engagement reste facultatif. Mais l’organisation du Vendée Globe ambitionne, au travers du soutien financier apporté à l’UNESCO pour le GOOS par le Vendée Globe Foundation, de rendre obligatoire à tous les skippers de la flotte des IMOCA de courir pour la science dès l’édition 2028.